Régime pauvre en FODMAP : bénéfique pour les MICI ou le SIBO ?

Le régime pauvre en FODMAP (Fermentable Oligo-, Di-, Mono-saccharides And Polyols) s’est imposé comme une référence dans la gestion du syndrome de l’intestin irritable (SII). Mis au point en 2005 par l’Université Monash en Australie, il repose sur la réduction temporaire des aliments riches en glucides fermentescibles, souvent impliqués dans les troubles digestifs tels que les ballonnements, la diarrhée, la constipation ou les douleurs abdominales.

Si son efficacité est aujourd’hui largement documentée pour le SII, une question persiste : peut-il aussi être utile dans d’autres troubles digestifs comme les MICI (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin) ou le SIBO (prolifération bactérienne de l’intestin grêle) ?

Le régime FODMAP et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI)

Les MICI, regroupant principalement la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, sont des maladies caractérisées par une inflammation chronique du tube digestif.

Des symptômes qui se chevauchent avec le SII

Les MICI et le SII partagent plusieurs symptômes communs :

• douleurs abdominales,

• ballonnements,

• diarrhées ou constipation,

• fatigue digestive,

• troubles du transit.

Il n’est donc pas toujours simple de distinguer un SII d’une MICI uniquement sur la base des symptômes. Certains patients souffrent d’ailleurs à la fois d’une MICI et d’un SII : des études estiment que près de 30 % des personnes atteintes de MICI présentent également des symptômes fonctionnels typiques du SII.

Que disent les études sur le régime FODMAP et les MICI ?

• Des recherches ont montré que le régime pauvre en FODMAP, suivi sur 4 semaines, permettait une amélioration significative des symptômes digestifs chez des patients atteints de MICI en rémission.

• En revanche, il n’a pas montré d’effet notable sur les marqueurs inflammatoires : autrement dit, il agit sur les symptômes fonctionnels, mais pas sur l’inflammation elle-même.

FODMAP ou régime méditerranéen ?

• Pour les personnes atteintes de MICI sans SII associé → le régime méditerranéen (riche en légumes, fruits, huile d’olive, poissons, noix, céréales complètes) est davantage recommandé, car il semble mieux cibler l’inflammation.

• Pour les personnes atteintes de MICI ET de SII → le régime pauvre en FODMAP peut être une stratégie complémentaire pour limiter les inconforts digestifs.

Le régime pauvre en FODMAP et le SIBO

Qu’est-ce que le SIBO ?

Le SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth) correspond à une prolifération excessive de bactéries dans l’intestin grêle. Normalement, la densité bactérienne dans cette partie du tube digestif est faible. En cas de SIBO, les bactéries s’y multiplient, fermentent les sucres et produisent une quantité excessive de gaz (hydrogène, méthane), provoquant :

• ballonnements,

• douleurs abdominales,

• diarrhée ou constipation,

• mauvaise digestion de certains aliments.

Le diagnostic repose généralement sur un test respiratoire (mesure des gaz exhalés après ingestion d’un sucre test, comme le lactulose ou le glucose).

Quel rôle pour le régime FODMAP dans le SIBO ?

Il n’existe pas encore d’étude clinique de grande ampleur évaluant spécifiquement le régime pauvre en FODMAP dans le SIBO. Néanmoins :

• Des données indirectes montrent que la réduction des FODMAP diminue la production de gaz, ce qui correspond précisément aux mécanismes impliqués dans le SIBO.

• Chez les personnes atteintes de SII, un régime pauvre en FODMAP a démontré une diminution de la fermentation intestinale (moins d’hydrogène produit).

Une stratégie souvent proposée

Dans certains protocoles, on associe le régime pauvre en FODMAP au traitement médical du SIBO :

1. Phase 1 (restriction FODMAP) → réalisée en parallèle d’un traitement antibiotique ou phytothérapique visant à réduire la prolifération bactérienne.

2. Phase 2 (réintroduction progressive des FODMAP) → une fois le SIBO traité, on réintroduit progressivement les aliments fermentescibles.

⚠️ À retenir : le régime FODMAP seul ne traite pas le SIBO. Le traitement de référence reste médical (antibiotiques ciblés, parfois alternatives à base de plantes étudiées). Le régime est un accompagnement nutritionnel, utile pour limiter les symptômes.

Limites et précautions du régime pauvre en FODMAP

Bien que prometteur, le régime FODMAP présente plusieurs limites :

• Il est restrictif et peut entraîner des carences si mal suivi.

• Il doit rester temporaire (phase 1 entre 2 et 6 semaines maximum).

• Il est parfois mal appliqué lorsqu’il est suivi sans encadrement (risque d’éviction excessive d’aliments utiles pour la santé).

→ C’est pourquoi il est recommandé d’être accompagné par un diététicien ou un professionnel formé à la méthode FODMAP.

Conclusion

Le régime pauvre en FODMAP est aujourd’hui une référence dans le SII, mais ses effets dans les MICI et le SIBO nécessitent encore plus d’études.

• Dans les MICI : il aide à réduire les symptômes digestifs fonctionnels, mais n’agit pas sur l’inflammation.

• Dans le SIBO : il limite probablement la fermentation et l’inconfort, mais doit être intégré à une prise en charge médicale.

En résumé, le régime FODMAP peut être un allié ponctuel, mais il n’est ni un traitement de fond des MICI ni une cure du SIBO.

FAQ – Régime FODMAP, MICI et SIBO

→ Le régime FODMAP peut-il soigner la maladie de Crohn ?
Non, il ne soigne pas l’inflammation. Il peut seulement soulager certains symptômes fonctionnels associés.

→ Peut-on combiner régime méditerranéen et FODMAP ?
Oui, certains protocoles associent les deux approches, mais cela demande un suivi diététique précis.

→ Le régime FODMAP suffit-il pour traiter le SIBO ?
Non, il accompagne le traitement médical mais ne peut pas, à lui seul, éradiquer la prolifération bactérienne.

→ Combien de temps suivre la phase d’éviction FODMAP ?
Entre 2 et 6 semaines maximum, puis une réintroduction progressive est nécessaire.