Diabète & Syndrome de l’Intestin Irritable (SII) : comment concilier IG, FODMAP et fibres ?
Par Laure Hirtz, diététicienne, formée aux FODMAP (Monash University)
La prise en charge nutritionnelle du diabète et du Syndrome de l’Intestin Irritable (SII) repose sur des objectifs parfois complémentaires (répartition des glucides, apport en fibres) et parfois délicats à combiner (choix des glucides à index glycémique bas vs. restriction des aliments riches en FODMAP). Cet article propose des repères pratiques pour structurer ses repas en respectant à la fois la glycémie et la santé intestinale, sans allégations de santé.
Comprendre le diabète
Le diabète correspond à un trouble de l’assimilation et de l’utilisation du glucose. Normalement, l’insuline (hormone sécrétée par le pancréas) facilite l’entrée du glucose dans les cellules. En cas de diabète, ce mécanisme est altéré, générant un excès de sucre dans le sang.
Deux grands profils
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Diabète de type 1 : le pancréas ne produit plus d’insuline.
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Diabète de type 2 : l’insuline est produite mais insuffisamment efficace (production insuffisante et/ou résistance à l’insuline).
L’alimentation est un levier majeur de la prise en charge, aux côtés de l’accompagnement médical.
Diabète et SII : pourquoi c’est parfois complexe
Le SII implique souvent une sensibilité aux FODMAP (glucides fermentescibles), tandis que le diabète demande une gestion précise des glucides et une préférence pour les IG bas. Or :
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Certains aliments IG bas (ex. : lenteilles, pois chiches) sont riches en FODMAP.
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Certains aliments pauvres en FODMAP peuvent avoir un IG plus élevé.
💡 L’objectif n’est pas de supprimer des groupes entiers d’aliments mais de combiner judicieusement IG, proportions, cuissons, associations et fibres.
Les fondamentaux côté diabète (adaptés au SII)
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Limiter les sucres ajoutés et produits ultra-transformés.
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Répartir les glucides à chaque repas (éviter les apports massifs d’un seul coup).
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Privilégier les IG bas quand c’est possible (cuisson douce, aliments complets tolérés, associations avec fibres et protéines).
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Consommer des fibres régulièrement (voir section dédiée) en tenant compte de la tolérance digestive.
FODMAP & IG : comment trouver l’équilibre
Sucres, fruits & desserts
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De nombreux sucres (sirop d’agave, sucre de coco) et confiseries sont riches en FODMAP : réduire ces apports peut aider à la fois la digestion et la gestion glycémique.
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Les fruits doivent être choisis en fonction de leur profil FODMAP (et consommés seuls ou en fin de repas, en respectant les portions).
→ Éviter l’empilement : même des aliments low FODMAP peuvent devenir irritants si cumulés en grandes quantités.
Légumineuses, céréales & féculents
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Lentilles et pois chiches : bons IG, mais riches en FODMAP → à limiter en phase 1 de la méthode FODMAP, puis à tester en réintroduction (quantités, fréquences).
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Riz, pommes de terre (refroidies puis réchauffées = amidon résistant), quinoa, polenta, sarrasin, flocons d’avoine sans gluten (selon tolérance FODMAP) : bases intéressantes pour combiner digestibilité et gestion glycémique.
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Pain : privilégier le pain au levain (meilleure digestibilité pour certains), bien mastiquer, observer sa propre tolérance.
Exemples d’associations intelligentes (à adapter)
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Riz + carottes + protéines maigres (volaille, poisson) + matières grasses de qualité en petite quantité.
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Pommes de terre + épinards + une source de protéines (œufs, tofu ferme si toléré).
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Blanquette de veau + riz + carottes.
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Petit-déjeuner : pain au levain + garniture protéinée low FODMAP (ex. : œuf, fromage à pâte dure en quantité adaptée) + un fruit low FODMAP (portion contrôlée).
Les fibres : un rôle central (diabète & intestins)
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Fibres solubles (douces) : utiles pour moduler la réponse glycémique et soutenir le confort digestif. On les trouve dans certains fruits et légumes low FODMAP (selon portions), les flocons d’avoine (selon tolérance), les graines (lin moulu, chia : attention aux quantités).
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Fibres insolubles : à moduler selon la sensibilité intestinale (peaux, pépins, crudités en excès).
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Alterner cru/cuit, varier les sources, adapter les portions, introduire progressivement.
→ Les fibres peuvent contribuer à abaisser l’IG d’un repas (effet matrice), réguler le transit et nourrir le microbiote (selon tolérance individuelle).
Collations : limiter les pics et penser « équilibre »
Pour éviter les variations glycémiques trop marquées et ménager la digestion :
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Éviter la collation composée uniquement d’un fruit.
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Associer fruit low FODMAP + protéines (ex. : portion de fromage à pâte dure, poignée de graines tolérées) ou féculent low FODMAP (ex. : crackers de sarrasin) pour modérer la charge glycémique.
Exemple de journée type (à adapter avec un professionnel)
Cet exemple illustre une organisation possible. À personnaliser selon les besoins, objectifs, tolérances, traitements et activité.
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Petit-déjeuner
Pain au levain + œuf / fromage à pâte dure (portion) + kiwi (portion tolérée) + boisson chaude (thé/infusion). -
Déjeuner
Poisson + riz basmati + carottes rôties + huile d’olive + herbes. -
Collation
Crackers sarrasin + fromage à pâte dure (portion) ou yaourt au lactose réduit (si toléré) + fruit low FODMAP. -
Dîner
Volaille + pommes de terre vapeur/au four + épinards poêlés + un fruit low FODMAP (si non pris en collation). -
Hydratation
Eau, tisanes, boissons non sucrées (vigilance sur additifs et édulcorants si sensibilité).
Bonnes pratiques pour concilier diabète & SII
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Répartir les glucides sur la journée.
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Cuisiner simple et observer ses réactions (journal alimentaire utile).
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Jouer sur l’IG (cuissons douces, amidon résistant, association fibres/protéines/lipides de qualité).
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Tester les réintroductions FODMAP de manière structurée (phase 2), avec un accompagnement pro.
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Privilégier le fait-maison pour maîtriser ingrédients, additifs et portions.
FAQ
Puis-je suivre la méthode low FODMAP si je suis diabétique ?
Oui, mais l’approche doit être personnalisée. L’objectif est de limiter les FODMAP en phase 1 tout en assurant une répartition des glucides compatible avec la gestion de la glycémie.
Quelles céréales/féculents choisir en cas de diabète et SII ?
Riz basmati, pommes de terre (penser à l’amidon résistant), sarrasin, quinoa, polenta, flocons d’avoine (si tolérés), maïs. Respecter les portions, observer les associations et la réaction individuelle.
Et les légumineuses ?
Souvent riches en FODMAP. À limiter en phase 1, puis tester en réintroduction (quantités réduites, rinçage, association avec fibres/protéines).
Quel pain privilégier ?
Le pain au levain peut être mieux toléré par certains. Tester la quantité et l’accompagnement (protéines, matières grasses de qualité).
Faut-il éviter tous les édulcorants ?
Certains polyols sont des FODMAP (ex. sorbitol, mannitol). D’autres édulcorants peuvent provoquer une gêne chez les personnes sensibles. À évaluer au cas par cas.
Avertissement
Cet article est informatif et ne remplace pas un avis médical. En cas de diabète, de SII ou de symptômes digestifs persistants, rapprochez-vous de votre médecin et d’une diététicienne formée au protocole FODMAP pour une prise en charge adaptée.
Auteur
Laure Hirtz, diététicienne-nutritionniste, formée au régime Low FODMAP (Monash University). Approche centrée sur l’individualisation, la pédagogie et la mise en pratique.